27 janvier 1989 : verdict du premier procès :
«La
cour d'assises vient de délibérer. La présidente s'apprête
à rendre son verdict. A 10 mètres de moi, l'un des neuf
jurés - une femme - me regarde fixement. Une façon de me
dire : vous avez gagné. Patrick Dils est acquitté.»
23 heures, le 27 janvier 1989, au palais de justice de Metz.
Vieux routier des assises, malgré ses 35 ans, Me Bertrand
Becker respire. Dils, son client, un jeune apprenti
cuisinier soupçonné d'avoir sauvagement assassiné deux
enfants de 8 ans, Alexandre et Cyril, un dimanche de
septembre 1986, va être innocenté par la cour d'assises
des mineurs de la Moselle.
Quelques secondes plus tard, le coup de massue: Dils est
reconnu coupable et condamné à la réclusion criminelle à
perpétuité. Fait rarissime, la cour lui refuse l'excuse de
minorité, souvent accordée aux jeunes criminels. Dils
n'avait pourtant que 16 ans au moment des faits.Encore exténué
par trois heures de plaidoirie, Bertrand Becker ne comprend
pas. Il pensait avoir convaincu les jurés de la faiblesse
des charges pesant sur Dils.
Grand
échalas désormais âgé d'un peu plus de 18 ans, un peu
gauche, qui, selon les psychiatres, aurait 8 ans d'âge
mental, Dils est sonné. Il ne comprend pas, lui non plus.
Tout au long des trois jours d'audience, il a semblé
absent. Comme étranger à ce procès.
Passé le choc du verdict, Me Becker n'a désormais qu'un
objectif: obtenir la révision du procès. Aux côtés de
l'un de ses confrères parisiens, Me Jean-Marc Florand, il
va tout faire pour y parvenir. Depuis douze ans, cette
histoire l'obsède. Au point que, chaque jour, il entend
encore résonner le réquisitoire de l'avocat général: «Si
la peine de mort existait encore, je n'aurais pas hésité»...
Aujourd'hui, Me Becker a gagné. A partir du 20 juin - et
jusqu'au 26 - la cour d'assises des mineurs de la Marne, siégeant
à Reims, et présidée par le conseiller Thierry Perrot, va
rejuger Patrick Dils. Ainsi en a décidé, le 3 avril, la
Cour de révision des condamnations pénales, composée
uniquement de magistrats de la chambre criminelle de la Cour
de cassation. Principale raison ? La découverte d'un élément
nouveau, inconnu en 1986 : la présence, sur les lieux du
double crime, de Francis Heaulme. Ce serial killer,
mythomane, authentique «routard du crime», a été condamné
plusieurs fois pour meurtre depuis son arrestation en 1992.
Suffisant pour jeter le doute sur la culpabilité de Patrick
Dils. «La justice doit être capable de reconnaître ses
erreurs», déclarera non sans courage, en mars 2001,
l'avocate générale de la Cour de cassation, Dominique
Commaret.
29
juin 2001 : second procès
Patrick
Dils a été condamné le 29 juin 2001 à 25 ans de réclusion
criminelle pour les meurtres de deux enfants en 1986 à
Montigny-lès-Metz. Malgré la requête de l'avocat général
qui réclamait l'acquittement de Partick Dils après 14 ans
de prison, les jurés ont voté pour 25 ans de prison ferme.
Le verdict est tombé comme un boulé à la grande stupéfaction
des médias et de l'opinion public le 29 juin.
Il a décidé de faire appel de ce jugement. Il sera donc
jugé une troisième fois, une première dans les annales
des affaires judiciaires françaises.
Avril
2002 : troisième procès
Le jeu des remises
de peine pouvait laisser espérer à Patrick Dils une libération
prochaine. Pourtant, il avait fait appel, ainsi que le lui
permet la nouvelle loi française. Il a donc été rejugé du 8
au 24 avril 2002. C'était un cas unique.»
Voir la rubrique
consacrée au troisième procès.
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© Le
Soir
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